Visite de courtoisie

Eileen avait tourné environs une demie heure dans le couloir. Passant et repassant devant la porte du professeur.
Elle avait fini par s'assoir, juste à côté. N'arrivant décidément pas à se résoudre à frapper, et encore moins à pénétrer dans le repaire de celui qu'elle considérait comme sa plus grande menace, et son plus grand appuie au sein de l'Ecole.
Elle répugnait l'idée de demander de l'aide à quelqu'un.
Cela faisait bientôt une heure qu'elle était là, accroupie le dos collé au mur de pierre glacé. Et loin d'être décidée.

Rémus était derrière la porte, il se demandait quand Eileen allait pouvoir venir car il savait qu'elle viendrait.
après une bonne demi-heure il ouvrit la porte de son bureau pour aller afficher dans le couloir les différents horaires de cours suivant les années.

Elle était là, assise par terre.

Mademoiselle Prince, vous êtes donc venue?
Préférez-vous rentrer et vous asseoir confortablement ou rester dans ce couloir et permettre à tout élève ou esprit circulant dans le château d'entendre notre petite discussion à propos de vos recherches?

Il lui lanca, comme à son habitude - puisqu'à présent c'était une habitude avec elle- un petit sourire qui voulait dire qu'il avait déjà anticipé sa réponse alors qu'elle essaierai de le faire faillir à nouveau...

Eileen avait levé des yeux étrangement vides vers lui.
Elle ne dit pas un mot. Elle n'était pas résignée mais ne jugeait pas utile de relever le dernier sarcasme du professeur.
Elle se leva simplement, sans le quitter du regard, et se posta face à lui.
Même si elle consentait à rentrer, elle ne lui faciliterai pas la tâche.
A vrai dire, elle même ignorait ce qui l'avait poussé à venir.

Elle se tenait donc face à lui, obligée de lever légèrement la tête pour le regarder dans les yeux. Contrairement à l'expression qu'il avait eue dans la grande salle, cette fois-ci elle n'y déçela aucune animosité. Ils se tenaient dans l'encadrement de la porte.

Elle attendait à présent qu'il donne le signal pour entrer.

Lupin lui fit signe d'entrer dans la salle.
Son bureau était assez grand un peu feutré, beaucoup d'étoles rouges étaient présentes aux murs à côtés des tableaux des différents professeurs ayant exercés à son poste.

*Mobili Fauteuil* sa baguette se dirigeait derrière Eileen et le fauteuil suivit la trajectoire.

Bien, asseyons nous.
Lupin était face à elle dans son grand fauteuil. Il avait longuement hésoté à la faire s'asseoir dans son fauteuil mais ceci lui aurait fait croire qu'elle était en situation de puissance et il ne le voulait surtout pas.

J'ai appris que vous effectuiez des recherches sur vos parents...
Veuillez me pardonner, je ne vous ai pas proposé, voulez-vous une friandise? J'en rafolle vous savez?
Mobili Boîteabecs

La boîte à bonbons vint se poser sur la table séparant les deux protagonistes.

Allez-y n'hésitez pas, je les ai pour quelques mornilles.

Et revenons à vos parents! Je ne veux pas vous brusquer ou vous offenser ainsi je préfère que vous me disiez ce que vous recherchez, ce qui me permet de ne pas rentrer dans votre bulle qui vous est propre. Et de vous laisser le choix de la façon dont vous voulez aborder la chose...

Eileen venait de prendre une douche froide.
Elle se décontenença une fraction de seconde mais repris aisément l'expression insondable qui la caractèrisait.
Une fois assise, elle posa ses mains sur les bras du fauteuil, dans une attitude de qu'elle voulait distante, mais désinvolte.
Elle jeta un regard circulaire pour faire le point sur le lieux où elle se trouvait.
Lorsque les friandises se posèrent devant elle, elle resta impassible.
Elle pris une intonation calme et réfléchie.

"Je n'avais pas l'intention d'aborder quoi que ce soit professeur."

Puis sa voix se brisa légèrement et contre sa volonté lorsqu'elle enchaina :

"De plus, il me semble que vous en savez beaucoup plus que moi sur mon compte."

Cette fois-ci, même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pu dissimuler la pointe d'amertume et de repproches qui emmanait de son timbre.

Lupin prit une voix douce, son ton se voulait être non pas réconfortant mais rassurant.
Il comprenait les troubles que la jeune fille traversait.
A votre âge, j'ai appris beaucoup de choses que je n'était pas prêt d'entendre. Aussi, j'ai peur que vous ne soyez pas encore assez mûre pour entendre ce que je peux vous apprendre de plus sur votre famille.
Je n'ai pas la prétention de mieux connaître vote vie que vous-même, vous connaissez votre vie, mais je sais des choses que vous recherchez et je suis là pour vous orienter en compagnie du professeur Dumbledore afin que les découvertes que vous ferez n'aient pas un impact négatif sur vous. Vous êtes une jeune fille très intelligente, et je pense que vous devez savoir les choses. Mais si vous les apprenez de par vous-mêmes vous risquez de commettre des erreurs dans vos choix d'interprétation et dans votre vie future.
C'est pour cela que j'ai pu vous paraître insistant et embêtant à souhait, je le sais, je le conçois mais pour ma part aucun professeur n'a fait cela pour moi mis à part Albus Dumbledore, en qui je suis très reconnaissant.
Le masque que vous portez, les comportements que vous vous donnez en ma présence, je les connais, j'ai eu les mêmes que vous.
Alors je ne vous prierai pas d'être la Eileen Prince qui se cache en dessous car vous ne pouvez pas sortir de votre coquille comme cela, et cela fait un atout pour vous et pour votre avenir, mais peut aussi vous désavantager.
Mais sachez seulement que Dumbledore et moi-même sommes des hommes de confiance qui sont là pour vous.
Je ne me leurre pas, vous ne viendrez pas vous confier à moi et vous ne viendrez certainement pas me demander de vous aider, mais vous saurez que je suis là et un jour vous serez bien heureuse de me trouver car vous aurez besoin de mon aide.
Cela est peut-être dur à entendre, que quelqu'un puisse vous aider vous qui avez dûe apprendre à ne faire confiance qu'à vous-même.
Mais au fond, vous et moi, nous sommes pareil, nous nous connaissons!
Libre à vous, libre à toi Eileen de venir vers moi, chose que tu risque de ne pas faire, mais chose à laquelle tu ne pourra que réfléchir.

Puis il la regarda tendrement avec une petite moue, ses yeux étaient humides, il venait de parler avec son coeur et il savait que son message avait été entendue et qu'il serait compris.
Il n'attendait pas vraiment de réponse d'Eileen, il envisageait même qu'elle se lèverai en trombe et sortirais dans le couloir, mais il savait qu'il avait touché un point sensible.

Eileen comme à son habitude, n'avait pas scillée.
Elle avait écouté avec attention le professeur. Cherchant machinalement les détails qui pourraient lui être utile pour quelque objets que ce soit.
A la fin du discours, elle s'imagina une seconde se lever, balayer tout ce qui reposait sur le burau et partir le plus loin possible.
Mais elle avait très vite refoulée cette envie.
A la place elle avait fermé un instant les yeux, comme pour s'imprégrer de l'odeur et de l'aura de la pièce, pour peut-être y trouver un indice sur la réaction qu'elle devait avoir.
Le silence qui s'installa fut moins dérengeant que ce qu'elle avait envisagé.

Elle rouvrit les yeux après un long moment. Constata que le professeur lui non plus n'avait pas bougé.
Si elle avait été cassante avec lui jusque là, elle su à cet instant que ce n'était rien en comparaison de ce qu'il était capable de lui faire subir si il en avait envie. Elle le sentit instinctivement. Ce qui lui chuchotait cette idée à l'oreille c'était les yeux calme et sereins du professeur, qui, quand on y regardait mieux, abritaient quelque chose de cruel, presque animal.

Elle prit pour la première fois de sa vie un réel risque.
Elle tendis la main au dessus du plat posé sur le burau et croqua dans une friandise, en silence.

"Je ne veux même pas savoir pourquoi vous me faites confiance. Mais avez vous envisagé que ce n'était peut-être pas une bonne idée ?"

Pour la première fois, elle mettait quelqu'un en garde contre elle même.

Lupin eut un sourire qui annonçait qu'il avait déjà envisagé le danger.

Oui Eileen, j'ai déjà songé que cette discussion et cette décision pourrait ne pas être une bonne idée.
Mais je pense que nous avons tous les deux à y gagner.
J'ai compris votre mode de fonctionnement, et je sais que vous réussirez tôt ou tard à percer mon secret, et que vous pourriez vous en servir contre moi. Mais moi aussi je peux me retourner contre vous avec la vérité sur votre famille.
Ainsi je pense que cette idée n'est pas mauvaise et que c'est une façon pour vous de vous faire des alliés.
Vous n'êtes plus seule Eileen, du moins théoriquement, après, je vous le répète, le choix est entre vos mains...

Ses yeux commencèrent à s'assombrire.
Lupin se leva doucement.

Eileen je ne veux pas vous mettre à la porte, mais je suis attendu ce soir et je me dois de vous laisser.
Repasser quand vous voudrez, et méditez sur ce que je vous ai dit. Mais s'il vous plaît, n'allez pas voir le professeur Trelawney pour vous élcairer sur votre choix, cette vieille lanterne est félée et risquerai de vous dire d'envoyer un hiboux chercher un colis gagnant à la Fédération Magique des Jeux de Sorciers.
Il lui fit un large sourire.

Bonne fin de journée Mademoiselle Prince.

Il se retourna, passa derrière le rideau et descendit par l'escalier menant à ses quartiers derrière sa salle de cours.

Eileen restait silencieuse.
Il avait bien un secret.
Tout collait parfaitement.
Ses yeux sombres cachaient quelque chose qui attisait monstrueusement la curiosité de Prince.
Elle avait les cartes en main. Tout se passait comme elle l'esperait. Elle attendit patiement le départ du professeur, se leva, et sortit en prenant soin de fourrer ses poches de friandises. Reflex oblige.
Il lui fallait une bouffée d'air frais. Maintenant ! Et tant pis pour Rusard.

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